2. Les Églises Nestoriennes

Leur nom ne dépend pas de son fondateur. Au départ, elles étaient attachées à la sainte doctrine apostolique et à l'enseignement des Écritures. Mais, vers 428 un certain Nestorius devint attaché et évêque de Constantinople. Celui-ci refusa la doctrine de l'adoration de Marie. Alors Cyrille, évêque d'Alexandrie, convoqua un concile ou Nestorius fut condamné. Toutes les Églises orientales non attachées à une fédération furent appelées dès lors « nestoriennes ».

 

Ces Églises primitives avec l'aide du Saint-Esprit marquèrent une belle œuvre missionnaire. Elles s'établirent en Perse, en Inde, en Merv, en Syrie, en Arabie, en Hérat, en Samarcande, en Irak, en mer Caspienne en Chine, en Mongolie et Tartarie. Le Salut par la Grâce[166] y était prêché de façon conforme à l'Écriture. Il ne s'agissait pas de petites communautés ou de bourgades isolées. Les textes des Jésuites et des Franciscains indiquent qu'une grande partie de ces populations[167] croyaient en cette doctrine sur tout le territoire énuméré. Du septième au treizième siècle, l'Église syrienne fut aussi importante en Orient que les Églises romaines et grecques en Occident. Les Églises de Perse et de Syrie possédaient de nombreuses missions en Inde et en Chine. La majorité des peuples du Tukestan et leurs chefs avaient accepté le Christianisme et, dans les principaux centres asiatiques, on voyait l'Église chrétienne voisinant avec le temple païen et la mosquée mahométane. Dans leur œuvre missionnaire, les Écritures furent traduites dans toutes les langues sur la superficie des territoires d'évangélisation occupés. Ainsi, lorsque Robert Morrisson vint pour accomplir son grand travail de traduction de la Bible en chinois, il trouva au musée britannique un manuscrit contenant les Évangiles, le livre des Actes et les Épîtres de Paul, ainsi qu'un dictionnaire latin-chinois, attribués à un missionnaire catholique romain inconnu du seizième siècle ». Il s'agissait d'un livre apostolique appartenant à ces petites Églises ignorées. Nous retrouvons trace de ces Églises jusqu'au début du dix-septième siècle en Chine et dans les Balkans.

 

La question principale : Pourquoi disparurent-elles? Au début du cinquième siècle, Papa ben Aggai, lors du Synode de Séleucie, proposa un système de fédération et un système ecclésiastique. Le centre de ces Églises devint Séleucie ou Bagdad. Ce centre se chargea d'approvisionner en évêques les différentes Églises en incorporant les dogmes de l'Église centralisée comme l'iconoclasme et autres influences de l'Orient et de l'Occident. Ils abandonnèrent leur premier amour Christ au profit d'une Église centralisée.

 

Voyez-vous, l'Église est l'unité de l'assemblée la constituant dans l'Esprit-Saint. C'est le zèle de toutes ces petites pierres vivantes qui la fait se développer et s'émanciper. Le seul modèle autosuffisant véritable en est celui donné dans les épîtres. L'Écriture renferme tous les enseignements qui doivent être dispensés à la communauté. Ainsi, une petite pierre vivante suffisamment instruite, pleine de zèle et s'attachant à la sainte Parole de Dieu quittera et fondera une autre Église indépendante, et ainsi de suite. L'Église doit être guidée par l'Esprit-Saint et non-pas par des hommes pour se développer. En ce sens, les gens la composant en sont le cœur, sinon on empêche l'Esprit-Saint de faire Son œuvre.

Lorsque la grande invasion mahométane balaya la Perse et Séleucie, l'approvisionnement en évêques cessa progressivement. Les Églises accoutumées à un système ecclésiaste ne purent revenir à un système apostolique et vieillirent sans relève. Certainement, des frères et sœurs tentèrent de retourner aux sources apostoliques, comme le missionnaire Jean de Monte-Corvino cité dans la note de bas de page 170 le mentionne. Ce missionnaire franciscain mourut en 1328; par la suite, on ne trouve aucune trace de ses Églises si puissantes. Y a-t-il eut de l'hostilité de la part de quelques dirigeants de ces pays? La centralisation des Églises à Séleucie et les dogmes de cette Église, ont-ils voilé le Salut ou créé de la confusion chez les fidèles? Ont-ils délaissé les Saints Écrits? Jusqu'à nos jours, nous sommes sans réponse. Peut-être s'agit-il d'un des jugements aux sept Églises, prophétie des sept chandeliers en début de l'Apocalypse?



[166] E.H. Broadbent, l'Église ignorée, page 81. Voici ce que les Nestoriens professaient : « Christ mourut pour nous, hommes égarés, plaçant la mort au centre parce qu'il fallait qu'elle fut détruite. Il ne recula même pas devant le fait que lui-même devait se soumettre à la mort pour obtenir l'espérance de l'anéantissement de cette mort... C'est dans cette espérance qu'Il accepta l'obéissance dans un immense amour – non pas en expiation de sa propre culpabilité – car ce fut pour nous qu'Il subit la condamnation. Ce fut pour tous les hommes qu'Il remporta la victoire. Car de même qu'en Adam nous avons tous été constitués coupables, en sa victoire, la victoire nous est acquise ».

[167] E.H. Broadbent, l'Église ignorée, page 86. Un missionnaire Franciscain, Jean de Monte-Corvino, vers 1330 en Chine, mentionne : « Il est probable que s'ils avaient voulu s'entendre avec les Frères mineurs et avec d'autres chrétiens, habitant ce pays, ils auraient converti à la vraie foi toute la population, y compris l'empereur ».